Mon cœur qui résonnait. Ton absence dans la grande salle d’apparat aux murs rouges. Ton attente, encore, alors que d’autres étaient réunis. Déjà. Nos doutes revenus. nos doigts serrés. Nos regards envieux. Et puis tes joues rouges à ton arrivée. Tes mains chaudes. Tes cheveux ras qui laissaient perler la sueur à la lisière. Ton odeur. Ton bonnet de grosse laine verte. Tes chaussures en 26 alors que tu chaussais du 23. Ton gilet jaune Béaba en 1 an alors que tu en avais 4. Ton non de la tête quand j’ai voulu te prendre. Co Ha et sa veste fuchsia qui ne te lâchait pas. Ses yeux qui me foudroyaient ou qui m’évitaient, certaine que j’allais m’évaporer ou fuir selon que je les croisais ou pas. Ses deux bras entourant ton petit corps alors que j’aurais voulu y glisser les miens. Mes doigts impatients. Les regards inquiets de tes frères et sœurs. Le sourire crispé de ton papa. Et mon cœur qui résonnait.
Les lumières blanches de la télévision. Tes yeux qui ne la supportaient pas. Les caméras cherchant à fixer les émotions. Les nôtres. La tienne. La sienne. Un gecko sur le chambranle de la porte. Un porte bonheur. Les lettres dorées sur fond rouge. Les places que nous ne pouvions choisir. Le protocole. Mon collier jaune et noir. Ton inquiétude. Notre insistance. Ton petit poids sur mes genoux. Les bulles sorties de mon sac. Encore. Et ton sourire. Enfin. Ton petit sac à dos Cars rempli des voitures que nous y avions glissées. Ton regard quand tu les as découvertes. Nos signatures sur de nombreux feuillets. Ton regard fiché dans le mien. Et mon cœur qui résonnait.
La chaleur de leurs sourires juste derrière moi. Tes regards de l’un à l’autre. Nos discours devant les caméras. Les paroles que Co Ha t’a glissées à l’oreille. Son souhait de recevoir des photos. Et l’idée qu’elle nous disait autre chose aussi. La certitude qu’elle sait. Nos premières photos. Les garçons ensemble. Le taxi que nous avons pris. Ta position allongée sur les trois grands serrés sur la banquette arrière. Notre retour à l’hôtel. Ton enthousiasme, comme si tu connaissais déjà l’endroit. L’immense sapin décoré dans le hall. L’ascenseur. Notre décision de manger tous ensemble des Vietnamians noodles. Ton appétit. Ton premier coca avec nous. Mais pas le premier de ta vie. Et mon cœur qui résonnait.
L’assiette entière avalée. Nos questions. Depuis quand n’avais tu pas mangé à ta faim ? Avais tu déjà mangé à ta faim ? Ta dextérité avec les baguettes. Notre peu d’appétit à nous qui préférions te fixer à nous brûler les yeux. Les tiens qui dansaient d’un côté et de l’autre. Et puis l’après midi. Notre découverte réciproque. Le décalage horaire qui nous laissait hagards. Ta vivacité. Les bras de tes frère et sœurs auxquels tu t’agrippais. Le sac à dos rempli de tout ce qui te plaisait. Au cas où. Laissé près de la porte, au cas où, tu devrais rentrer à l’orphelinat. Nos premiers jeux. Les voitures étalées de part et d’autre du salon. Les sirènes dont tu imitais le bruit à la perfection. Ton premier bain. Tes hurlements. Ton incompréhension. Et mon cœur qui résonnait.
Les chansons. Un nouveau repas. A nouveau un ogre à notre table. Rapide comme l’éclair avec ses baguettes. Le premier endormissement. Tes pleurs. Encore. Mes bras pour te câliner et ma voix à ton oreille pour te calmer. Ma voix qui n’a pas tremblé. Ton nez enfoui dans mon cou et mon odeur qui semblait t’apaiser. Lentement ton lâcher prise. Ton premier sommeil. Tes premiers rêves dans ta vie avec nous. Et mon cœur qui résonnait.
C’était il y a neuf ans. C’était il y a quelques mois. Je devenais une Mèreveilleuse et tu avais un pèreveilleux. Tu devenais le quatrième. Le dernier. Le chouchou des plus grands. C’était il y a neuf ans et toujours, mon cœur qui résonne.
Il y a des photos qui ne trichent pas et des regards qui veulent tout dire et surtout que nous avions trouvé notre fil rouge. Vous le voyez ?

On ne voit que ça le fil entre vous!!! Quelle merveilleuse photo pour des parentsveilleux !!!
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J’aime tout dans le post d’aujourd’hui : ce texte rempli d’émotions et cette photo mereveilleuse ! Des bises à toute la famille Longevial !
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si ténu au départ, et pourtant si palpable sur cette photo, ce fil rouge qui vous était destiné, celui qui vous lie à jamais.
Heureux familliversaire !
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Ces regards plein d’amour et de confiance sur ce petit bonhomme l’ont aidé, tels les tuteurs d’une plante à grandir , se construire et se trouver . Je vous souhaite de joyeuses « trouvailles « , comme dit ma Lila lorsqu’elle évoque notre journée de rencontre à la pouponnière .
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Tout est beau : sur la photo vous êtes beaux, les mots sont beaux…
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Merci, merci d’avoir partagé et de continuer à partager cette si belle histoire.
Il me semble que quand tu écris à propos de cette aventure familiale et de Tahn tu trouves toujours merveilleusement ( mereveilleusement ) tes mots.
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Merci ☺️
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